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Pardonner

Qui ne s’est jamais senti humilié, offensé et abusé?
Les affronts subis provoquent selon les cas un ressentiment plus ou moins grand. Ces meurtrissures subsistent parfois des années. Quand l'amertume atteint le plus profond de notre âme, le pardon semble impossible.

Choisir de pardonner

La plupart des personnes pensent que les agissements impardonnables nécessitent une réparation. Elles réclament justice et quand elles ne peuvent l’obtenir, elles choisissent de se venger.
D’autres sont pour leur part convaincues du contraire et avancent de nombreux arguments pour justifier leur position conciliante.

Cependant pardonner est un choix, une décision personnelle, indépendante des circonstances de l’humiliation et de la douleur ressenties.

Et si pardonner n'était pas d'abord un acte égoïste, effectué dans le but tout à fait louable de se rendre service !

Supprimer le ressentiment

La vengeance n’élimine pas le conflit et la douleur. Au contraire, elle conduit souvent à une escalade du conflit. Si vous parvenez à exécuter votre revanche, vous vivez avec la peur de la rétorsion. Vous devez vous prémunir contre les menaces réelles ou imaginaires de votre adversaire.
Certains individus attendent des années avant de mettre leur plan à exécution. Si vous cultivez les inimitiés et que vous avez des ennemis irréductibles, comment savoir quand et où ils vont frapper? Toute cette énergie, c'est du gaspillage. Vous pouvez l’utiliser de manière plus constructive.
Même dans les cas extrêmes, la soif de vengeance est mauvaise conseillère. Si après avoir saccagé votre maison et décimé votre famille, votre ennemi s'enfuit, que faites-vous ?
Vous le poursuivez ou vous portez secours aux survivants ?
Si vous sortez indemne du massacre, votre première préoccupation est de vos proches. Si vous êtes gravement blessé, vous prendrez d’abord soin de vous.

S’il est impossible de modifier ce que vous avez subi, il est par contre possible de changer la perception de cette expérience.
La seule condition pour réaliser ce changement est de ne pas être mort !
Il est prouvé que ceux qui ont la capacité de percevoir l’amour, la bonté et la beauté autour d’eux, malgré les circonstances tragiques de leur existence en sortent grandis.
La meilleure revanche est de récupérer votre intégrité, votre indépendance et le contrôle de votre destin.

Préserver sa santé

Des études ont indiqué les conséquences négatives pour la santé du ressentiment et de la haine. Les personnes qui pardonnent ont une vie affective plus équilibrée et leurs relations interpersonnelles sont meilleures. Les vindicatifs et les rancuniers, présentent par contre une prédisposition à l'anxiété, la culpabilité et la dépression.

Tant que vous manifestez du ressentiment, vous admettez implicitement une dépendance envers le responsable de votre souffrance. Votre but devrait plutôt être de vous libérer de cette influence négative et de vous affranchir de la tutelle de cette personne.
Dans cette perspective, le pardon est une rupture totale avec le passé, un acte de survie, fondamentalement égoïste mais parfaitement justifié.

Avoir de la compassion

Aimer le responsable de votre douleur est un tour de force contraire à votre nature et à vos intérêts. Contrairement aux idées reçues, pardonner ne conduit ni à excuser un acte abusif, ni à aimer son auteur.

Quand les sermons religieux mettent l’accent sur la nécessité du pardon-amour, comme seule alternative à la haine et au ressentiment, ils occultent en partie la vraie fonction du pardon.
«Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font» exprime clairement une justification conditionnelle au pardon. Ce n’est pas la nécessité d’aimer qui prime, mais le besoin de comprendre et de donner un sens au pardon. «Ils ne savent pas ce qu’ils font» est la réponse à cette interrogation légitime. La constatation de l’ignorance et de l’irresponsabilité de ceux qui le crucifièrent est l’explication qui justifie le pardon. Dans ce cas, ce sont les notions de pitié, de compassion et de miséricorde envers celui qui est dans l'ignorance qui autorisent le pardon, et non l'amour réciproque.

Assumer ses responsabilités

Par crainte ou par faiblesse, nous choisissons souvent d’être des victimes consentantes.
Le besoin d’être aimé et la peur nous conduisent fréquemment à accepter des relations potentiellement abusives. Lorsque nous en subissons les conséquences, nous blâmons alors les autres et leur attribuons toute la culpabilité.

Afin qu’il soit effectif, le pardon passe aussi par une autocritique et une prise de conscience. Savoir reconnaître votre part de responsabilité, même inconsciente, permet d’acquérir une vision plus objective de la situation.

C’est à ce prix que vous pouvez éviter la répétition de l’abus.