Pardonner
Qui ne s’est jamais senti humilié, offensé, et abusé?
L’intensité des affronts subis et l’importance que nous leur accordons provoquent des souffrances plus ou moins graves.
Parfois ces meurtrissures subsistent des années après les faits.
Quand le ressentiment atteint le plus profond de notre âme, le pardon semble impossible.
Son éventualité ne vient même pas à l’esprit.
Choisir de pardonner
La plupart des personnes pensent que certains agissements sont impardonnables et qu’ils nécessitent une réparation. Ils réclament justice et quand ils ne peuvent l’obtenir, ils choisissent de se venger. D’autres sont convaincus du contraire et avancent de nombreux arguments pour justifier leur position.
Pardonner est un choix, une décision personnelle, indépendante des circonstances de l’humiliation et de l’intensité de la douleur. Pardonner à quelqu’un c’est se rendre service à soi-même.
Supprimer le ressentiment
La vengeance n’élimine pas le conflit et la douleur. Au contraire, prendre sa revanche conduit souvent à une escalade du conflit. Si vous parvenez à exécuter votre vengeance, vous vivez alors avec la peur de rétorsion. Vous devez vous prémunir contre les menaces réelles ou imaginaires de votre adversaire. Cette énergie gaspillée, vous auriez pu l’utiliser de manière plus constructive. La vengeance est un plat qui se mange froid. Certains individus attendent des années avant de mettre leur plan à exécution. Comment savoir quand cette catégorie d’ennemis va frapper?
Si après avoir saccagé votre maison et décimé votre famille, votre ennemi s’enfui, que faites-vous ?
Vous le poursuivez ou vous portez secours aux blessés?
Si vous sortez indemne du massacre, votre première préoccupation est de vous occuper des blessés. Si vous êtes gravement blessé, vous prendrez d’abord soin de vous.
Tout ce qui vous éloigne de ces buts n’est pas recommandé.
S’il est impossible de changer ce qu’on a subi, il est par contre possible de changer la perception de cette expérience.
La seule condition pour réaliser ce changement est d’être un survivant..
Il est prouvé que les personnes qui ont la capacité de percevoir l’amour, la beauté et la bonté autour d’eux mènent une existence plus heureuse.
La meilleure revanche est de récupérer son intégrité, son indépendance et le contrôle de son destin.
Préserver sa santé
Des études ont indiqué les conséquences négatives pour la santé du ressentiment et de la haine.
Les personnes qui pardonnent sont plus équilibrées émotionnellement, et leurs relations sont meilleures. Les vindicatifs et les rancuniers, présentent par contre une prédisposition à l'anxiété, la culpabilité et la dépression.
Rompre avec le passé
Tant que nous manifestons du ressentiment, nous admettons notre dépendance envers le responsable de notre souffrance.
Le but est de se libérer de cette influence négative et s’affranchir de la tutelle de l’abuseur.
En ce sens le pardon est une rupture totale avec le passé, un acte de survie, fondamentalement égoïste mais parfaitement justifié.
Avoir de la compassion
Contrairement aux idées reçues, pardonner ne conduit ni à excuser un acte injustifiable et ni à aimer son auteur. Les faits restent.
Aimer le responsable de notre douleur est un tour de force contraire à notre nature et à nos intérêts.
Les regrets éventuels de l’abuseur ne suppriment pas la peine.
Quand les sermons religieux mettent l’accent sur la nécessité de l’amour, comme seule alternative à la haine, ils dénaturent la vraie fonction du pardon.
Lorsque Jésus dit : Pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. Ce n’est pas la nécessité d’aimer, mais le besoin de comprendre et la réponse à cette question qui justifie le pardon. Ils ne savent pas ce qu’ils font est la constatation de l’ignorance et de l’irresponsabilité de ceux qui le crucifièrent. Dans ce cas, c’est la notion de pitié, de compassion et de miséricorde qui motive le pardon.
Assumer ses responsabilités
Par crainte ou par faiblesse, nous choisissons souvent d’être des victimes consentantes.
Le besoin d’être aimé et la peur nous conduisent fréquemment à accepter des relations potentiellement abusives. Lorsque nous en subissons les conséquences, nous blâmons alors les autres et leur attribuons toute la culpabilité.
Afin qu’il soit effectif, le pardon passe aussi par une autocritique et une prise de conscience de nos implications. Savoir reconnaître notre part de responsabilité, permet d’acquérir une vision plus objective de la situation.
C’est à ce prix que nous pouvons éviter la répétition de l’abus.